EVA et alors ?
Il y a des situations qu’il est primordial de porter à votre connaissance. Ces situations aux quelles les doyens des CTP, Centre de transition professionnelle, et les jeunes en recherche d’apprentissage se trouvent confrontés et qui ne manqueront pas de vous interpeller pour autant que vous soyez, un tant soit peu, intéressé par l’intégration professionnelle des jeunes en difficultés scolaires ou en rupture.
Chaque année, dans les CTP une grande partie des situations d’intégration se trouvent péjorées pour une seule raison : l’augmentation par les associations professionnelles de la norme de réussite au test EVA (EVA est composé d’une épreuve de français et d’une épreuve de mathématiques. Le test évalue les connaissances et les compétences scolaires des candidats dans ces deux disciplines, sur la base des attentes de fin de scolarité obligatoire.)
En effet, les métiers d’assistant-e-s en pharmacie, d’assistant-e-s dentaires, commerce de détails, ou les métiers liés à l’électricité (monteur, installateur) pour ne parler que de ceux-ci, ont durci la norme (seuil du % de réussite) pour l’entrée en formation initiale.
Nous voilà avec des élèves, qui ont fait un stage de longue durée rémunéré, que les patrons veulent engager, qui ont su convaincre par leurs qualités et personnalité, qui ont parfois déjà signé le contrat de formation, empêchés de démarrer leur formation à la rentrée prochaine pour un manque de points en français ou en mathématique.
Nous pouvons bien inventer les systèmes scolaires que nous voulons si plusieurs années de travail sont ruinées par la simple décision de relever de10-15% le taux de réussite au test.
Nous n’avons ainsi plus aucune chance de placer en entreprise des jeunes compétents dans l’activité mais qui restent fragiles scolairement.
Depuis plusieurs années on tente de réformer l’école alors que, depuis plusieurs années, les associations patronales doivent laisser le libre choix aux employeurs d’engager les profils adaptés à leur pratique en tenant compte de la globalité de l’employé (ou apprenti). Ne pas se fier uniquement au niveau math et français.
Chacun se rend compte que ces deux compétences sont importantes mais ne font pas un employé complet. La réflexion doit aussi se faire là, au niveau patronal. L’intégration dans le monde du travail est en fonction des places disponible et la barrière des tests devient de plus en plus infranchissable.
Le bilan selon un doyen de ces écoles sur une semaine (11 sur le canton) : env. 45 personnes qui l’an dernier auraient été engagées et qui ne le seront pas uniquement pour une raison : Un test devenu plus sélectif !
Ecole qui reçoit environ 400 élèves parant, majoritairement en provenance du CO et qui seraient en rupture sans cette possibilité d’année supplémentaire. Brochure de ces établissements que vous pouvez trouver sur http://edu.ge.ch/ctp/
En résumé : L’augmentation des normes issues du test EVA empêche des jeunes capables d’entrer etde réussir leur formation.
Si on ajoute la décision constitutionnelle d’une formation obligatoire jusqu’à 18 ans…
On marche sur la tête !
D’autant que j’ai un bon exemple concret de réussite en apprentissage pour un élève qui n’a pas réussi ce test et qui n’étant pas « engageable » sur le canton de Genève. Mais qui par chance l’a été sur le canton de Vaud (il suit toutes ses écoles sur Genève partageant les élèves ayant atteints le seuil de % de réussite imposés par les associations faitières, encore une Genferei).
J’ai l’espoir que cet état de fait puisse être relayer et que des actions, interpellations puissent être envisagées afin d’exprimer ces craintes auprès des personnes compétentes.
La réussite scolaire n’assure pas de devenir un bon employé. Un bon universitaire n’est pas forcément un bon avocat, un bon médecin ou un bon enseignant.
On sélectionne sans tenir compte du besoin de l’entreprise ou des qualités globales d’un postulant.
Le test, qui n’est pas remis en cause, devrait être formatif et informatif et non certificatif ou sélectif. Celui-ci indique un préavis, un état fiable des prérequis. Le chef d’entreprise pourra choisir en connaissance de cause son employé sans obligation de réussite imposé par l’association patronale.
L’évaluation du risque lors de l’engagement appartient à l’employeur sans menace ni contrainte.